09/12/2003
Communiqué de presse
SG/SM/9062
PI/1525



“LES ANTENNES ET LES PARABOLES HERISSEES DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT, PARFOIS AU MEPRIS DES AUTORITES, DISENT LA SOIF DES PEUPLES D’ETRE RELIES AU RESTE DU MONDE”


On trouvera ci-après l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à la cérémonie d’ouverture du Forum mondial des médias électroniques qui se tient aujourd’hui à Genève en marge du Sommet mondial de la société de l’information:


Que nous soyons producteurs ou consommateurs de médias électroniques, les témoignages que nous venons d’entendre nous donnent la mesure du pouvoir des médias, et de ce qu’il a de paradoxal.


Le pouvoir des médias est évident:


•     Ils peuvent éduquer et distraire, inspirer et informer;


•     Ils peuvent servir à alerter et à réveiller les consciences, ainsi qu’à dénoncer les injustices;


•     Et, surtout, ils permettent de rapprocher tous les habitants de la planète.


A l’ère de l’information, les médias électroniques sont parmi les plus importants vecteurs de paix, de progrès et de solidarité.


Et pourtant, il existe un paradoxe.


Les médias électroniques peuvent sembler omniprésents, mais pour des millions d’habitants de la planète, ils restent hors d’atteinte.


Beaucoup d’entre eux n’ont même pas l’électricité; d’autres sont trop pauvres pour acheter téléviseur, radio ou antenne parabolique.


Et les obstacles ne sont pas seulement d’ordre technique.


Les émissions ne sont diffusées que dans un petit nombre de langues et, dans certains pays, la réception de programmes étrangers est illégale.


Certaines émissions peuvent contribuer à sensibiliser les habitants des pays riches au sort des populations moins favorisées, mais d’autres suscitent au contraire l’envie et le ressentiment chez les plus démunis.


Les médias ont aussi été utilisés en Allemagne, sous le régime nazi, au Rwanda et ailleurs, comme instruments de propagande, pour inciter à la haine et véhiculer d’odieux stéréotypes.


D’autre part, la concentration des médias entre quelques mains fait craindre pour l’avenir du pluralisme.


La fracture n’est pas seulement numérique, elle correspond aussi à de profondes disparités en termes de liberté, de richesse, de pouvoir et, en dernière analyse, d’espoir en des jours meilleurs.


Nous sommes réunis à Genève pour réfléchir au pouvoir des médias et résoudre le paradoxe et pour dresser un plan d’action en partenariat.


L’objectif n’est pas de diffuser plus d’informations dans plus d’endroits, mais d’instaurer une véritable société de l’information, ouverte et sans exclusive, dans laquelle la connaissance donne aux gens les moyens d’améliorer leur sort et celui de toute l’humanité.


Les médias sont bien sûr partie prenante dans cet effort.  La liberté de la presse est essentielle pour que les journalistes puissent s’acquitter de leur importante mission.  Qu’un gouvernement mette en place un cadre juridique et réglementaire, soit, mais qu’il aille plus loin et se laisse entraîner sur la pente de la censure et de l’intimidation, et c’est nous qui sommes menacés et, à terme, tous nos droits.  C’est cette liberté fondamentale que le Sommet doit donc réaffirmer.


Les technologies de l’information nous ont ouvert les portes d’une nouvelle ère, encore devrons-nous les franchir.


Avec l’explosion des connaissances et des capacités techniques, nous avons, comme jamais auparavant, les moyens d’atteindre des objectifs de développement que nous poursuivons depuis fort longtemps.


Comme ceux qui ont vu l’aube de l’ère industrielle, nos contemporains peuvent voir les premières lueurs d’un avenir plein de promesse.


Les antennes et les paraboles qui, toujours plus nombreuses, se hérissent dans les pays en développement, parfois au mépris des autorités, nous disent la soif des populations d’être reliées au reste du monde.  Montrons-leur que nous les avons entendues et que nous allons les aider à réaliser leurs rêves.


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